Une culture à part au cœur d’Israël
Dans les collines du nord d’Israël, il y a une présence qu’on ne remarque pas tout de suite. Elle est discrète, ancrée, mais dès qu’on s’y attarde, elle intrigue, elle touche. La communauté druze, peu connue du grand public, a quelque chose de rare. Une manière d’être, un lien fort avec ses racines, mais sans jamais se fermer au monde. Leur histoire, on la devine à travers les gestes, les regards, l’accueil qu’on reçoit. Pour vraiment comprendre, il faut sortir un peu des itinéraires classiques. Aller voir, écouter, rester un moment.
Le village de Daliyat al-Karmel, pas loin de Haïfa, fait partie de ces endroits qui marquent. Les odeurs d’épices, les petites rues, le marché vivant… et puis ces rencontres, parfois simples, mais qui restent. Ce n’est pas un musée à ciel ouvert. C’est une vie qui se partage, si on prend le temps.
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Qui sont les Druzes ? Une identité plurielle et mystérieuse
On parle peu des Druzes. Ou plutôt de la communauté druze, comme on la désigne souvent. Ce groupe religieux reste discret, presque secret. Et pourtant, dès qu’on s’y penche, l’intérêt grandit. Leur foi remonte au XIe siècle, née au cœur de l’Empire fatimide. Elle prend d’abord appui sur l’islam chiite ismaélien, avant de s’en éloigner pour former quelque chose d’unique.
Aujourd’hui, leur religion trace sa propre voie. Elle mêle des influences très diverses : la philosophie grecque, le soufisme, et une symbolique très marquée par la gnose. Un ensemble dense, ésotérique, difficile d’accès pour qui n’en fait pas partie, mais très structuré pour ses fidèles.
Le nom « druze » vient d’un prédicateur du tout début, Mohammad al-Darazi. Ironie du destin, ses idées ont été écartées par ceux qui ont réellement façonné la doctrine. Le véritable pilier spirituel, celui que les Druzes reconnaissent comme fondateur, c’est Hamza ibn Ali. Vers 1017, il aurait posé les bases de cette foi marginale, silencieuse, mais tenace. Et encore aujourd’hui, elle continue d’être transmise, à huis clos, dans le respect d’un héritage ancien.
Une religion fermée, une culture ouverte
Les textes fondateurs de la foi druze, connus sous le nom de Épîtres de la Sagesse (Rasa’il al-Hikma), ne sont pas destinés à tous les regards. Seuls les Uqqal, c’est-à-dire les initiés, peuvent les consulter et les interpréter. La religion druze ne recrute pas, elle ne cherche pas à convertir. On naît dans cette foi, on ne la rejoint pas de l’extérieur.
Ce fonctionnement peut paraître hermétique, mais il cohabite, paradoxalement, avec une certaine ouverture sociale et culturelle, notamment en Israël. Là-bas, les Druzes représentent environ 1,6 % de la population, soit un peu plus de 140 000 personnes. Leur intégration dans la société israélienne est marquante. Beaucoup servent dans l’armée, travaillent dans l’administration, l’éducation, la recherche. Certains sont même élus, ou impliqués dans des décisions politiques.
Dans une région où les minorités arabes peinent souvent à s’imposer, leur trajectoire fait exception. On y lit un choix assumé, une manière de rester visibles sans se fondre, et peut-être aussi une stratégie de préservation identitaire.
La plupart vivent dans des zones restées longtemps en retrait, souvent en hauteur. On les retrouve dans la région du mont Carmel (Isfiya, Daliyat al-Karmel), en Galilée (Maghar, Peki’in, Yarka, Julis), ou sur le plateau du Golan, du côté de Majdal Shams. Des lieux où les paysages et la mémoire collective s’entrelacent encore au quotidien.
Une diaspora religieuse en mosaïque : au-delà d’Israël
La communauté druze dépasse largement les frontières d’Israël. On estime qu’ils seraient entre 1 et 2 millions à travers le monde, répartis surtout entre quatre pays du Levant : le Liban, la Syrie, Israël et la Jordanie.
- Au Liban, les Druzes forment environ 5 % de la population. Leur présence est concentrée dans le Chouf et les montagnes du Mont Liban. Leur poids politique reste fort. Le parti socialiste progressiste, fondé par Kamal Joumblatt, repris par son fils Walid, joue encore aujourd’hui un rôle important dans la vie publique libanaise.
- En Syrie, on les trouve principalement dans le Jabal al-Druze, aussi appelé Jabal al-Arab, autour de Soueïda. Leur histoire y est marquée par des révoltes, d’abord contre l’Empire ottoman, puis contre le mandat français dans les années 1920. Malgré les turbulences de la guerre civile, leur situation a globalement tenu, même si la prudence reste de rigueur.
- En Jordanie, la communauté est plus réduite, mais elle bénéficie d’un statut officiel. La monarchie hachémite les considère comme une minorité stable et loyale, avec des droits reconnus, tant civils que religieux.
On trouve aussi des petites communautés en diaspora, notamment en Amérique du Sud (Venezuela, Brésil), au Canada et aux États-Unis. Là-bas, elles s’organisent autour d’associations, de rencontres, parfois même de centres communautaires. Une façon de garder vivant un héritage ancien, loin de ses terres d’origine.
L’hospitalité druze, une tradition sacrée
Chez les Druzes, l’hospitalité n’est pas un simple usage. C’est un principe. Il n’est pas rare, dans un village, qu’un inconnu se voie offrir un café ou un repas, sans formalités ni attentes. Cette générosité, loin d’être cérémonielle, découle d’un code moral ancien.
L’accueil repose sur des valeurs comme la loyauté, le respect, et un sens profond du lien humain. L’étranger n’est jamais perçu comme une menace. Il est d’abord un hôte. Et dans cette relation, quelque chose de précieux se transmet, sans bruit.
Les principaux villages druzes d’Israël
Daliyat al-Karmel : le cœur battant de la communauté druze
Région : Mont Carmel, à 17 kilomètres de Haïfa
Parmi les villages druzes d’Israël, Daliyat al-Karmel laisse rarement indifférent. Accroché aux hauteurs du mont Carmel, à une vingtaine de kilomètres de Haïfa, il offre une plongée directe dans la vie druze, telle qu’elle se vit au quotidien, sans mise en scène.
À peine arrivé, on sent que l’ambiance est différente. Quelque chose de simple, d’accueillant. Les ruelles sont bordées d’échoppes, de boutiques d’artisans, de petits cafés où flottent des senteurs de zaatar, de café moulu, parfois de pain chaud.
Le jour du marché, tout s’anime. Les étals débordent de fruits, de légumes, d’olives en saumure, de douceurs maison. On goûte au mansaf, on tartine du labneh sur du pain encore tiède. On échange quelques mots, même si l’on ne parle pas la langue. Les sourires font le reste.

Sites à visiter à Daliyat al-Karmel
Daliyat al-Karmel, ce n’est pas juste un village. C’est une entrée, presque intime, dans l’univers druze. Ici, chaque ruelle, chaque porte entrouverte, chaque odeur dans l’air semble porter un fragment de récit. Le village s’étire sur les pentes du mont Carmel, paisible mais vivant, profondément ancré. On prend le temps. On marche lentement. On observe. Et parfois, sans l’avoir prévu, on s’arrête.
- Le musée du patrimoine druze
Installé dans une maison traditionnelle en pierre, ce petit musée vaut bien qu’on s’y attarde. À l’intérieur, des vêtements anciens, des objets du quotidien, des outils simples mais chargés de sens. On y trouve parfois des manuscrits rares. Tout cela mis en valeur avec soin. Des visites guidées sont proposées de temps en temps, souvent menées par des habitants eux-mêmes. Leurs récits ont une sincérité qui touche. - La maison de Sir Laurence Oliphant
Diplomate et écrivain britannique du XIXe siècle, il est tombé amoureux du Carmel. Il s’est installé ici, fasciné par la région et ceux qui l’habitent. Sa maison, aujourd’hui conservée, dégage une atmosphère singulière, entre romantisme discret et respect des lieux. Depuis les jardins, la vue plonge sur la vallée. Un silence doux y règne. - Le marché artisanal
Impossible à manquer. C’est l’âme vivante du village. Les étals débordent de couleurs, de parfums, de matières. Tissus brodés, céramiques fines, savons faits main, herbes séchées, encens. Et puis les épices du Carmel, si présentes qu’elles semblent flotter dans l’air. Mais ce sont les gens qui marquent le plus. Ils parlent, rient, racontent. On repart rarement les mains vides, et jamais le cœur fermé. - La promenade panoramique de l’ancienne voie ferrée
Peu connue, presque secrète. Cette ancienne ligne ottomane suit un sentier qui ondule doucement entre les collines. À chaque virage, un paysage. Le mont Carmel y montre une autre facette, plus brute, plus calme. Au coucher du soleil, la lumière devient presque irréelle. Une promenade sans prétention, mais dont on se souvient. - Le sanctuaire de Nabi Khadr (Saint Georges)
Un peu à l’écart du village, ce sanctuaire attire sans distinction. Druzes, chrétiens, musulmans y viennent en silence. L’endroit est modeste, mais il dégage une paix que rien ne trouble. On y entre doucement, sans bruit. On s’y sent bien, sans toujours comprendre pourquoi. Un lieu de respect, de calme, de foi partagée.
Où manger à Daliyat al-Karmel : les meilleures adresses
Passer par Daliyat al-Karmel sans goûter à sa cuisine, ce serait presque une erreur. Ici, la table est généreuse. Les saveurs sont franches, les parfums enveloppants. Il y a toujours quelque chose qui mijote, quelque chose qui sort du four. Un pain chaud, une salade pleine d’herbes, une assiette posée au milieu pour être partagée. Et puis ce petit goût d’accueil, qui ne s’invente pas.

Voici quelques restaurants incontournables où faire une vraie pause : pour savourer, mais aussi pour rencontrer.
- El Babour – The Mill
Sans doute l’adresse la plus connue du village. Installé dans un ancien moulin restauré avec goût, ce lieu a du caractère. Le chef y propose une version soignée de la cuisine druze. Feuilles de vigne farcies, galettes au zaatar, houmous crémeux, légumes rôtis, kebbe. Et des desserts maison qu’on n’oublie pas. Le décor mêle authenticité et élégance, l’accueil est simple, franc. Une belle table, sans hésiter. - Druze Hospitality Center
Ici, on ne vient pas juste manger. On est invité, presque comme dans une maison de famille. Grande table, plats traditionnels, cuisine transmise de génération en génération. Le tout dans une atmosphère ouverte, propice aux échanges. On pose des questions, on écoute, on partage. C’est autant une expérience culinaire qu’un moment humain. - Saj al-Carmel
Plus décontracté, mais tout aussi savoureux. On y vient pour les galettes saj, fines et croustillantes, garnies à la demande : fromage fondu, zaatar, épinards. C’est rapide, généreux, toujours frais. Un endroit apprécié des locaux, notamment pour sa limonade maison. Simple et efficace. - Café Carmel View
Pour une pause sucrée avec une vue imprenable sur les collines, ce petit café fait le job. On y sert un café turc bien serré, du thé aux herbes du coin, quelques douceurs orientales et des jus pressés. Idéal pour se poser un instant, laisser filer le temps, et regarder le mont Carmel changer de lumière.
Isfiya
Région : Mont Carmel, à 5 kilomètres de Daliyat al-Karmel
Perché sur les hauteurs du mont Carmel, à seulement quelques minutes de Daliyat al-Karmel, le village d’Isfiya (ou Usfiya) est un autre ancrage fort de la présence druze dans le nord du pays. Son nom vient de l’arabe et signifie « guérison » — un mot qui résonne bien ici. L’atmosphère y est paisible, presque suspendue. Il y a quelque chose de doux dans l’air, une lenteur qui invite à s’arrêter.

Un héritage spirituel fort
Isfiya reste un lieu de foi. On y sent la dimension spirituelle dans le quotidien, sans ostentation. Parmi les endroits à visiter, le maqam Abu Abdallah, sanctuaire respecté, où les fidèles viennent en silence, parfois juste pour rester un instant. La religion y est vivante, transmise sans discours. Les familles, installées ici depuis des générations, perpétuent les rites avec simplicité et conviction.
Une vue imprenable
Depuis les hauteurs du village, le regard porte loin. Les forêts du Carmel déroulent leurs pentes, et quand le ciel est dégagé, la mer Méditerranée scintille à l’horizon. Tout autour, des sentiers s’échappent entre les pins et les pierres claires. Une occasion parfaite de mêler marche douce, immersion dans la nature et découverte humaine, sans forcer le rythme.
Julis
Région : Galilée occidentale, à 34 kilomètres de Haïfa
Dans l’ouest de la Galilée, Julis reste à l’écart des circuits classiques. Un petit village druze où l’on sent tout de suite un calme particulier. Rien d’artificiel, rien de mis en scène. La culture druze s’y vit de façon simple, naturelle. Ici, pas de programme de visite : on vient, on observe, on prend le temps. Et peu à peu, quelque chose se transmet.

Une vie rythmée par les saisons
Julis vit au rythme de la terre. Les vergers d’oliviers, les figuiers, les potagers entourent les maisons. Ils changent au fil des mois, avec les saisons. L’huile d’olive qu’on y produit est précieuse. Parfois, on la trouve directement chez l’habitant, sans enseigne. Juste un portail ouvert, une discussion, une bouteille tendue.
Des traditions bien ancrées
Le village a aussi une importance spirituelle forte. Plusieurs familles y jouent un rôle central dans la communauté druze. Et le souvenir du sheikh Amin Tarif, figure respectée du XXe siècle, est encore très présent. Sa maison est toujours là. Discrète, mais chargée d’histoire.
L’accueil en toute simplicité
Ce qu’on retient de Julis, souvent, ce n’est pas un monument, mais un geste. Un café turc qu’on vous sert sans rien demander. Une main tendue. Un regard qui dit “entre”. Ici, les gens prennent le temps de vous voir, vraiment. Et ça fait la différence.
Almona Garden
Aussi appelé El-Mona Gardens, ce lieu hors du commun a été imaginé par Naji Abbas en hommage à ses parents, Mona et Rashid. Le jardin s’étend sur trois niveaux. Végétation dense, sculptures, objets anciens, fontaines, fleurs, animaux… On s’y promène comme dans un rêve, entre souvenirs et beauté. Le site est ouvert tous les jours, samedi compris, de 9h à 19h.
Maghar
Région : Galilée, à 20 kilomètres de Tibériade
Posé sur les hauteurs de la Haute Galilée, Maghar a une personnalité bien à lui. Ce qui le rend si particulier, c’est son mélange. Ici vivent ensemble, depuis longtemps, des Druzes, des chrétiens et des musulmans. Trois communautés, une seule ville. Ce voisinage crée une ambiance unique. Quelque chose de fluide, parfois fragile, mais profondément humain.

Une mosaïque humaine et culturelle
À Maghar, chacun a sa place. Les traditions s’expriment côte à côte. Mosquées, églises, sanctuaires druzes se croisent au détour d’une rue. On passe d’un quartier à l’autre sans rupture. Et parfois, un habitant vous arrête, juste pour vous faire goûter une douceur maison, ou vous raconter un peu de sa vie.
Une vue exceptionnelle sur la Galilée
Depuis les hauteurs, le regard porte loin. Le lac de Tibériade brille à l’horizon, entouré de collines paisibles. Quand le soleil décline, la lumière devient dorée, presque floue. Le moment suspend le temps. Ceux qui montent là-haut le savent : on y respire autre chose.
Artisanat et traditions
Maghar, c’est aussi des gestes anciens. Des coopératives de femmes y proposent des broderies, des confitures, des savons à base d’huile d’olive. Acheter ici, ce n’est pas consommer, c’est soutenir une mémoire. Celle des mains, des recettes, des savoir-faire transmis lentement, de mère en fille.
Peki’in
Région : Galilée, à 40 kilomètres de Tibériade
Ancien village accroché aux collines de Galilée, Peki’in porte une mémoire dense. On y trouve une communauté druze bien ancrée, aux côtés d’une présence juive discrète, mais ancienne. Ce voisinage s’inscrit dans une histoire tissée de sagesse et de silence. Les pierres parlent. Et parfois, ce sont les gestes du quotidien qui rappellent ce lien au passé.

Un lieu chargé d’histoire
Selon la tradition juive, c’est ici, dans la grotte des sages, que le rabbin Shimon bar Yohaï et son fils auraient trouvé refuge durant treize ans, fuyant les persécutions pour étudier la Torah. L’histoire a laissé des traces : une synagogue ancienne, modeste mais pleine de force, et une fontaine centrale autour de laquelle la vie continue, comme elle le faisait il y a des siècles. Le passé n’est jamais loin à Peki’in. Il est là, au détour d’une rue, dans une voix, une porte entrebâillée.
Une forte présence druze
Aujourd’hui, le village est majoritairement druze. L’accueil y est simple, chaleureux. Le lien à la terre, visible dans chaque jardin, chaque olivier. Au centre du patrimoine druze, on découvre cette culture à travers des objets, des récits, parfois un repas partagé. C’est vivant, authentique, sans mise en scène.
Nature et sérénité
Tout autour, les collines dessinent un paysage calme. Des oliviers, des sentiers discrets. On marche, on écoute le vent. À Peki’in, on ralentit sans le décider. Chaque maison semble avoir quelque chose à confier, chaque pierre garde un secret.
Yarka
Région : Basse Galilée, à 17 kilomètres d’Akko (Saint-Jean-d’Acre)
Parmi les villages druzes d’Israël, Yarka se distingue par son dynamisme. Il est vaste, vivant, et pourtant très enraciné. Le marché attire des visiteurs venus de toute la région : produits frais, épices éclatantes, tissus brodés. On y trouve aussi des boutiques d’artisanat, souvent tenues par les mêmes familles depuis des générations. Et au détour des ruelles, entre deux maisons, apparaissent de vieux lieux de culte, paisibles, encore habités.

Un village entre modernité et coutumes
Yarka a trouvé sa propre harmonie. Des temples druzes, sobres et respectés, cohabitent avec des zones modernes, dont le Yarka Mall, centre commercial connu bien au-delà des frontières du village. Mais ce n’est pas là que l’on capte l’âme du lieu. Pour cela, il faut se perdre dans les ruelles anciennes, là où les portes restent entrouvertes et où la vie suit encore le fil lent des coutumes.
Hospitalité et transmission
À Yarka, l’accueil a gardé son sens. Un repas se partage volontiers. On vous propose un sfiha, un labné encore tiède, un pain parfumé aux herbes des collines. Rien n’est sophistiqué, tout est fait avec cœur. Et les plus jeunes, ici, apprennent encore la langue des anciens. Les gestes. Les mots qui ne s’écrivent pas.
Un point de départ idéal
Sa position en fait un excellent point de départ pour explorer la région. Akko n’est qu’à quelques kilomètres. Les sentiers de Galilée partent tout près. Et l’atmosphère du village, entre échange et quiétude, offre une base solide pour qui veut découvrir sans courir.
Majdal Shams : le balcon du Golan
Région : Golan, à 61 kilomètres de Safed
Tout au nord-est du pays, Majdal Shams s’accroche aux flancs du mont Hermon. Le village domine le plateau du Golan, avec, au loin, la Syrie en ligne de vue. C’est le plus grand village druze de la région, mais aussi l’un des plus singuliers. L’histoire y est dense, parfois douloureuse. Les paysages, eux, imposent le silence. Rien ici ne cherche à plaire. Et c’est peut-être ce qui touche le plus. Majdal Shams ne fait pas semblant. Il est là, solide, digne, profondément enraciné.

Une frontière vivante
À quelques pas, la ligne de cessez-le-feu marque la séparation avec la Syrie. Pour beaucoup, cette frontière est plus qu’un tracé. Elle divise des familles, interrompt des liens. Certains n’ont jamais revu leurs proches de l’autre côté. Ce manque, cette distance forcée, on les sent dans les mots, dans les regards. C’est une blessure sourde, mais elle a forgé une force intérieure. Ici, l’attachement à la terre est palpable. Il se vit. Il se transmet, comme une évidence.
Une nature époustouflante
Autour du village, tout respire la grandeur. L’hiver, la neige enveloppe le mont Hermon et attire les skieurs. Aux beaux jours, les vergers s’épanouissent, les sentiers s’ouvrent aux marcheurs. L’air est vif, la lumière franche, les panoramas vastes. On vient pour s’éloigner, pour se taire un peu, pour marcher face à la montagne et ne rien dire de plus.
Culture et mémoire
Majdal Shams n’efface rien. Le passé syrien, la vie présente en Israël, l’identité druze, tout s’y superpose sans heurt, sans slogans. Un centre culturel, des galeries discrètes, des projets nés ici racontent tout cela, en creux, avec pudeur. Le village garde les traces. Et il les porte avec calme.
Foire aux questions (FAQ)
Qu’est-ce que la religion druze ?
La foi druze est un courant monothéiste ésotérique né au XIe siècle. Issue de l’islam ismaélien, elle s’en est vite écartée pour suivre sa propre voie. C’est une religion fermée : on y entre par la naissance, jamais autrement.
Elle puise dans plusieurs traditions : philosophie grecque, mysticisme soufi, gnose, et spiritualité monothéiste. Les Druzes ne suivent pas les cinq piliers de l’islam. Ils ont leurs propres textes, les Épîtres de la Sagesse, accessibles uniquement aux initiés — les Uqqal. Eux seuls peuvent approfondir les dimensions secrètes de la foi. Les autres, appelés Juhhal, vivent leur religion avec simplicité, selon les grandes lignes. Tout repose sur la discrétion, la transmission, et un rapport intime à la tradition.
Où vivent les Druzes en Israël ?
En Israël, la communauté druze est surtout implantée dans le nord du pays, là où les collines et la nature forment un décor propice à la vie en retrait. La plupart des villages sont perchés ou dispersés dans des zones rurales, loin des grands centres urbains.
Parmi les principales localités druzes, on retrouve :
- Daliyat al-Karmel et Isfiya, sur les pentes du mont Carmel
- Maghar, Peki’in, Julis et Yarka, disséminés à travers la Galilée
- Majdal Shams, sur les hauteurs du Golan
Dans chacun de ces villages, on perçoit un attachement profond aux racines, allié à une ouverture mesurée sur le monde contemporain.
Peut-on visiter un village druze ?
Oui, sans hésiter. Visiter un village druze, c’est aller à la rencontre d’une culture discrète, mais vivante. L’accueil est souvent spontané, naturel. On peut flâner dans les ruelles, découvrir l’artisanat local, s’asseoir autour d’un repas, et parfois même dormir chez l’habitant.
Certains villages, comme Daliyat al-Karmel, sont particulièrement ouverts. On y propose des visites guidées, des ateliers de cuisine, des initiations au tissage, et des moments d’échange avec les familles. Chaque expérience est différente. Et c’est ce qui fait tout le charme de la rencontre.
Que manger dans un village druze ?
La cuisine druze est généreuse, pleine d’arômes, enracinée dans les traditions familiales. Elle s’inspire du Levant, mais garde une personnalité propre. Voici quelques plats à ne pas manquer :
- Le labné, fromage frais et crémeux, relevé d’un filet d’huile d’olive, servi avec du pain encore chaud.
- Les feuilles de vigne farcies, roulées une à une, parfumées aux herbes et épices locales.
- Le majadra, mélange simple de riz et de lentilles, souvent accompagné d’oignons frits.
- Les galettes saj, cuites à la minute, garnies de zaatar, de fromage ou de légumes du marché.
- Les katayef ou le knafeh, en dessert, riches, fondants, presque trop bons.
Le tout s’accompagne d’un thé aux herbes ou d’un café à la cardamome. On ne mange pas seulement pour se nourrir. On partage, on discute, on transmet.