Découvrez les coulisses du cinéma italien à Cinecittà
Rome, on la suit souvent pour ses ruines, ses pierres fendillées, ses places où le temps s’effondre. Pourtant, en s’éloignant un peu des forums et des basiliques, un autre décor attend. Plus récent, mais pas moins mythique. La visite de Cinecittà ne vous mènera pas dans un musée poussiéreux. Pas vraiment un parc non plus. Un lieu à part, encore habité par ce qu’on ne voit plus à l’écran.
Ici, ce sont des silhouettes. Des noms qu’on devine sur les murs. Fellini, évidemment. Mais pas que. Des tournages qui ont laissé des traces, parfois invisibles, mais tenaces. Une rue new-yorkaise recréée en plein Rome. Des palais antiques sortis du béton. Et ce silence étrange quand les caméras s’éteignent.
Marcher à Cinecittà, c’est frôler quelque chose d’effacé. Une époque. Un éclat. Pas besoin d’être cinéphile pour ressentir ce flottement, ce mélange de fiction et de réel. Même les enfants y trouvent leur compte, entre les costumes, les maquettes, les illusions bien ficelées.
La visite ne suit pas de ligne droite. Elle s’éparpille. Un décor par-là, un vieux projecteur un peu plus loin, des anecdotes glissées entre deux cloisons. Le temps se détraque, on passe de l’Antiquité à la mafia en quelques pas. Et ce qui reste, c’est surtout une sensation : celle d’avoir pénétré un monde qui ne s’offre pas facilement.
Pour ceux qui prolongent leur séjour dans la capitale italienne, les guides touristiques de Rome donnent des pistes, parfois inattendues, pour s’égarer ailleurs dans la ville. Et peut-être retrouver, au détour d’une rue, un écho de Cinecittà dans la lumière du soir.

1. L'Histoire de la Cité du Cinéma
Les débuts glorieux de Cinecittà
1937. L’Italie cherche à briller, à s’imposer ailleurs que sur les cartes militaires. Et dans l’esprit de Mussolini, le cinéma devient un levier, une vitrine. Pas un simple divertissement. Un outil, presque une arme. Il faut des studios. Grands, modernes, capables de rivaliser avec ceux de l’Amérique. Ainsi naît Cinecittà.
Le site ? Un terrain vaste, un peu à l’écart du centre de Rome, le long de la Via Tuscolana. Là, en peu de temps, un complexe gigantesque se dresse : 73 bâtiments, rien que ça. Des plateaux, des ateliers, des studios son, un labo pour développer les pellicules. Tout est pensé pour produire vite, beaucoup. Et surtout, italien. À l’époque, c’est le plus grand d’Europe. Et probablement le plus ambitieux.
Le premier film tourné sur place : Scipione l’Africano. 1937, toujours. Un péplum à la gloire de Rome, évidemment. Une fresque de propagande. Mais le décor est posé, les machines lancées. Très vite, les cinéastes italiens, puis européens, s’y intéressent. Le projet prend vie. Et pas qu’un peu.
Les années sombres : la Seconde Guerre mondiale
Puis tout bascule. La guerre éclate, les bombes tombent. Cinecittà n’est pas épargnée. Les bâtiments, endommagés. L’ambiance, brisée. En 1943, les Allemands s’emparent du lieu. Plus de cinéma. Juste des murs occupés, silencieux. Après la libération, les Alliés le transforment en camp de réfugiés. Un entre-deux. Entre ruines et attente. Le cinéma, lui, se tait.
Ce n’est qu’à la fin des années 1940 que la lumière revient. Lentement. L’État italien y croit encore. Il finance, reconstruit. Les caméras reviennent. Un autre chapitre commence.

L'âge d'or : Les années 50 et 60
Ce qui suit relève presque du miracle. Les années 50 s’ouvrent sur une explosion. De créativité, d’envies, de regards nouveaux. Le néoréalisme prend racine. Pas dans les studios, au début. Plutôt dans les rues. Mais Cinecittà capte l’élan. Et s’adapte.
Des noms résonnent : Fellini, Visconti, Antonioni. Des films naissent, portés par une urgence. Montrer ce qui est. Sans fard. Rome, ville ouverte. Le Voleur de bicyclette. Des histoires simples, poignantes, filmées comme on respire.
Mais très vite, une autre vague arrive. Plus massive. Hollywood débarque. Séduit par les décors, la main-d’œuvre, le climat. Et le coût, bien sûr. Cinecittà devient un chantier international. Des productions énormes s’y installent. On tourne à l’américaine, mais en Italie.
- Ben-Hur (1959), ses chars, son tumulte, ses centaines de figurants.
- Cléopâtre (1963), avec Taylor et Burton, un tournage qui frôle le délire.
- Quo Vadis (1951), grandiose, excessif, presque irréel.
Et pendant ce temps, Fellini fait son nid. Cinecittà devient son refuge, son laboratoire. Il y tourne La Dolce Vita, puis 8½. Il invente des mondes, des souvenirs, des rêves, entre les murs d’un studio devenu mémoire vivante. Le lieu change de nature. Il ne sert plus seulement à filmer. Il raconte aussi.
La période de crise et la modernisation
Après l’élan des années 50 et 60, le souffle retombe. Pas d’un coup, mais lentement, comme une lumière qui s’éteint sans prévenir. Les grandes productions s’éloignent. Les budgets se resserrent. Et le monde du cinéma change. Hollywood reprend le dessus, les nouvelles technologies bouleversent les méthodes. Cinecittà, elle, peine à suivre. On y tourne encore, oui, mais moins. Moins souvent, moins grand. L’âge d’or semble loin.
Les années passent. Et dans les années 1990, quelque chose bouge. Une volonté de réinventer, de ne pas laisser les murs s’effriter. L’État, quelques investisseurs aussi, décident d’y croire. On rénove. On équipe. On fait entrer le numérique. Et petit à petit, les caméras reviennent. Moins de péplums, plus de diversité. Certaines grosses productions s’installent de nouveau. Gangs of New York (2002), par exemple. Ou encore The Passion of the Christ (2004). Des titres connus, tournés entre les mêmes murs que La Dolce Vita.
Cinecittà aujourd’hui : entre histoire et innovation
Aujourd’hui, difficile de dire ce qu’est exactement Cinecittà. Un studio ? Un musée vivant ? Une parenthèse dans Rome ? Peut-être un peu tout ça. L’endroit s’ouvre aux curieux. Pas seulement aux équipes de tournage. Des expositions y ont trouvé leur place. Des parcours immersifs aussi, pensés pour les visiteurs, pour ceux qui veulent voir l’envers du décor. On y marche entre des colonnades, des rues d’un autre temps. Les décors sont là, immobiles, mais pas figés.
Et pendant ce temps, les tournages continuent. Pas au rythme d’autrefois, mais assez pour garder l’âme du lieu en mouvement. Des productions italiennes bien sûr, mais aussi des films venus d’ailleurs. Cinecittà n’a pas tourné la page. Elle l’écrit autrement. À sa manière. Un pied dans l’histoire, l’autre dans ce qui vient. Et toujours, cette impression étrange : ici, même le silence a quelque chose à raconter.
2. Les Visites Guidées : Dans les Coulisses des Studios
Les studios de Cinecittà à Rome ne ressemble pas à un musée classique. Ce n’est pas un lieu figé, silencieux. On n’y passe pas simplement. On entre, on traverse. Et parfois, on oublie que l’on est venu pour visiter.

Le parcours des décors mythiques
Marcher dans une rue de la Rome antique, toucher les pierres d’un temple qui n’en est pas un. Étrange sensation. Ici, tout est faux, mais tout semble tenir. Les décors permanents reproduisent des fragments de mondes disparus : une cité impériale, un village médiéval, une place italienne des années 50. Même un désert, à deux pas d’un décor de palais. On n’est pas spectateur. On devient, un instant, figurant involontaire d’un film qui ne tourne plus.
Les secrets des ateliers de Cinecittà
Ceux qui prennent le temps de pousser un peu plus loin la porte découvrent autre chose. L’envers. Là où le cinéma se construit, loin de l’objectif. Les ateliers, les couloirs, les espaces où les mains travaillent encore. Parfois dans l’ombre, souvent dans le silence.
- Les ateliers de costumes : des étoffes cousues à la main, des robes qui ont vu passer des reines de cinéma.
- Les laboratoires d’effets spéciaux : là où la poussière devient explosion, où un faux sang coule avec précision.
- Les salles de montage : lumières tamisées, écrans allumés. Des scènes y naissent. D’autres y meurent.
Conseils pratiques
Les visites se déclinent en plusieurs langues. Pas besoin d’être passionné de cinéma pour se laisser porter. Mais ceux qui le sont y verront plus que de simples coulisses. Réserver en amont reste préférable. Moins d’attente, plus de temps à flâner. Et peut-être l’occasion de surprendre un tournage en cours. Ou juste de rester là, dans un silence habité, entre deux mondes.
3. Les Décors Légendaires et Films Iconiques
À Cinecittà, la fiction n’est jamais très loin de la réalité. Et parfois, on s’y perd. Certains décors sont si bien conçus qu’on se surprend à douter. Ce mur est-il en carton ? Ce sol, vraiment artificiel ? Et pourtant, tout est faux. Mais tout semble tenir. Comme si le passé avait posé ses valises ici.
Décors qui ont marqué l’histoire
- La Rome antique : massive, détaillée, presque intimidante. Ce décor a servi de toile de fond à des scènes de Gladiator. Et même sans les caméras, il impose le respect.
- Les villages médiévaux : ruelles étroites, pierres vieillies, toits qui semblent avoir vu des siècles. Parfaits pour plonger dans une époque floue, entre légendes et batailles.
- Les places italiennes classiques : bancs, fontaines, volets entrouverts. Des lieux simples. Banals presque. Mais c’est là que le cinéma aime revenir, encore et encore.
4. L’Expérience Interactive : Devenez un Cinéaste d’un Jour
Ceux qui veulent juste regarder peuvent se contenter de la visite. Mais pour les autres, ceux qui rêvent de passer derrière la caméra, Cinecittà a prévu autre chose. Une part d’action. D’implication. De jeu.

Ateliers créatifs
Tourner une scène, manipuler une caméra, jouer avec les lumières. Ce ne sont pas des démonstrations, ce sont de vrais ateliers. Les visiteurs filment, testent, recommencent. Les enfants s’y plongent tout de suite. Les adultes, parfois plus timides, finissent par sourire aussi. Et se prendre au jeu.
Expositions et collections uniques
Derrière les murs, une autre mémoire s’ouvre. Plus intime. On y découvre des storyboards griffonnés, des accessoires utilisés, parfois cassés, parfois conservés comme des trésors. Des maquettes de décors, figées à l’échelle. Et dans ces vitrines, quelque chose vibre encore. Comme si l’histoire du cinéma n’était pas finie.
Pour les familles
Les plus jeunes ne sont pas oubliés. Des espaces leur sont réservés. Colorés, animés, parfois drôles. On y court, on y joue, on y apprend sans s’en rendre compte. De quoi transformer la visite en aventure familiale, sans longueurs ni contraintes. Juste du plaisir partagé, au milieu des décors et des rêves en construction.
5. Infos Pratiques et Conseils pour une Visite Réussie
Accès facile depuis le centre de Rome
Pas besoin de s’éloigner trop. Cinecittà se rejoint en une vingtaine de minutes depuis le centre de Rome. La ligne A du métro y mène directement. Arrêt « Cinecittà », c’est simple : la station est juste en face des studios. Pour ceux qui préfèrent le bus, plusieurs lignes desservent la zone : les 502, 503, 552 ou encore la 654. Pratique, même sans carte ou GPS.
Horaires et tarifs
- Horaires d’ouverture : les studios sont ouverts tous les jours sauf le mardi, de 9h30 à 18h30. La dernière entrée pour les visites guidées est à 16h30. Mieux vaut arriver un peu plus tôt. L’endroit mérite qu’on s’y attarde.
- Tarifs d’entrée : comptez €15 pour un billet adulte. €7 pour les enfants de 6 à 12 ans. Gratuit en dessous. Une formule famille existe à €35 (deux adultes, deux enfants). Pour une visite accompagnée d’un guide, prévoyez €20 par personne. Le supplément vaut le détour si l’on veut saisir les petits détails.
Restaurants à proximité
Après la visite, une pause s’impose. Et les bonnes adresses ne manquent pas dans les environs. Pas besoin de marcher longtemps.
- Ristorante Cinecittà : juste à côté. Des pâtes, des pizzas, du classique. Rien de révolutionnaire, mais tout est bien fait.
- Trattoria Da Nino : ambiance détendue, plats romains sans chichi. Cacio e pepe, saltimbocca. Du vrai.
- Spaccio Pasta : rapide, efficace, avec quelques options végétariennes ou sans gluten. Idéal quand on a faim sans vouloir s’attarder.
- Panificio Di Cinecittà : pour un café ou une douceur sucrée. Le cappuccino y est excellent. Les pâtisseries, simples mais honnêtes.
Visiter Cinecittà à Rome est un incontournable
Ce n’est pas une visite ordinaire. À Cinecittà, on ne regarde pas, on entre. Dans l’histoire, dans la fabrication, dans les coulisses d’un monde qu’on croyait lointain. Ici, tout parle : les décors, les couloirs, les objets oubliés. Et même le silence parfois.
Que l’on soit passionné de cinéma ou simplement curieux, le lieu touche. Quelque chose se passe. Un souvenir, une image, un vertige. Alors, pourquoi attendre ? Rome a mille visages. Celui-ci mérite d’être vu. Et surtout, vécu.