Jeju, une île à part dans la culture coréenne
Pour ceux qui rêvent de s’éloigner du tumulte et de poser leurs valises quelque part entre terre volcanique et douceur de vivre, la Corée du Sud réserve une surprise au large : l’île de Jeju, un endroit à part, presque un monde en soi. Le genre d’endroit où l’on passe sans effort d’un sentier côtier à une coulée de lave fossile, d’un plat de fruits de mer à une randonnée dans la brume. Tout y est à la fois simple et multiple. Et pour commencer à en saisir les contours, voici quelques pistes.

1- Seongsan Ilchulbong, le cône volcanique de Jeju
Impossible d’ignorer cette silhouette massive, posée face à l’océan. Le Seongsan Ilchulbong s’élève avec calme à 182 mètres, formé par une éruption marine il y a quelque cinq millénaires. Classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, ce cratère endormi attire dès l’aube ceux qui veulent voir le jour se lever d’un peu plus près. La montée est douce, une trentaine de minutes à peine. Là-haut, un cratère tapissé de vert. Et tout autour, la mer. Pas de bruit ou presque, juste le vent et la lumière.
2- Aller sur l’île d’Udo
Un court trajet en ferry, et déjà l’impression d’avoir changé de monde. L’île d’Udo, petite sœur de Jeju, s’étend paisiblement à l’est, avec ses allures de vache allongée. Le nom vient de là. On y circule à vélo, à scooter, ou dans un vieux bus brinquebalant. Les plages y sont étonnantes, parfois de sable blanc, parfois noir. On s’arrête pour manger des fruits de mer, on marche au bord de l’eau, on tente le kayak ou le snorkeling. Rien de spectaculaire, mais tout est juste. Et ça suffit.
3- La culture des haenyeo, les femmes plongeuses de Jeju
C’est peut-être ce qui touche le plus. Une poignée de femmes, souvent âgées, qui plongent sans bouteilles, sans bruit, pour ramasser coquillages et algues au fond de l’eau. Les haenyeo sont à part. Une mémoire vivante, transmise de mère en fille. Leur savoir, leur force tranquille, tout cela tient bon face au temps. On peut les voir à l’œuvre depuis la côte. Ou pousser la porte du musée qui leur est consacré. Et puis il y a leurs récoltes, à goûter dans un petit resto sans prétention. L’océan, dans l’assiette.
4- Plages à Jeju
Pour ceux qui veulent simplement ralentir, poser leur serviette et sentir le sel sur la peau, Jeju a ce qu’il faut. Hyeopjae, avec ses eaux claires et son sable pâle. Hamdeok, plus animée, fréquentée par les familles, les jeunes, ceux qui cherchent un coin où se retrouver. Et puis Jungmun, parfaite pour le surf, pour bouger, pour l’écume. Partout, des paysages ouverts, une lumière changeante. Et si l’on veut prolonger, il y a les bains chauds, les hôtels tranquilles, les cafés avec vue. On s’y sent bien. Vraiment.
5- Jeju et ses cascades

Il y a, sur l’île de Jeju, des endroits où l’eau semble tomber du ciel. Des cascades nichées dans la végétation, presque cachées, qu’on découvre au détour d’un sentier ou en longeant la côte. Parmi elles, la cascade de Jeongbang. Unique en son genre : c’est la seule d’Asie à plonger directement dans la mer. Le bruit, le vent salé, l’écume. On reste là, sans trop savoir pourquoi. Plus à l’intérieur, Cheonjiyeon, « le lac du ciel », offre une ambiance plus douce, presque paisible. Et juste à côté, les trois chutes de Cheonjeyeon s’enchaînent comme une respiration lente, entre roche, mousse et brume fine.
6- Plantations de thé
Là où la terre noire du volcan rencontre les vents doux venus du large, les théiers s’enracinent. Les plantations de Jeju s’étendent autour du Hallasan, en terrasses calmes et régulières. On y marche entre les rangs, on observe. Le thé ici a son rythme, sa mémoire. Dans les cafés voisins, les tasses fument lentement. Le thé vert d’O’sulloc, cultivé depuis la fin des années 70, est partout… mais c’est en le goûtant ici, avec la terre sous les pieds et le ciel bas, qu’il prend tout son sens. Pas besoin d’en dire trop : juste savourer.
7- Grotte de Manjanggul
8- Hallasan National Park, le plut haut sommet de Corée du Sud

Au cœur de Jeju, il y a ce volcan. Silencieux, massif. Le Hallasan. Avec ses 1 950 mètres, c’est le sommet le plus haut de toute la Corée du Sud. Mais ce n’est pas seulement une montagne. C’est un monde entier, couvert de forêts épaisses, de mousses humides, de vents changeants. Le parc national qui l’entoure protège une biodiversité rare, fragile, étonnante. Plusieurs sentiers mènent à ses flancs, à ses crêtes, parfois jusqu’au sommet. Le plus fréquenté, Seongpanak, grimpe doucement. Comptez quatre heures. Là-haut, un lac dans le cratère. Et tout autour… l’île, posée comme une carte vivante.
9- Visiter des temples bouddhistes
Parmi les pierres, les arbres et les chants d’oiseaux, on croise parfois un toit coloré, un gong suspendu, une lanterne oubliée. Les temples de Jeju ne crient pas leur présence. Ils attendent. Yakcheonsa, immense, majestueux, attire par sa démesure, ses salles emplies de statues dorées. Sanbangsa, lui, s’abrite dans une grotte au pied du mont Sanbangsan. On y grimpe par des escaliers raides. Là-haut, le Bouddha regarde la mer. On reste un moment, simplement. Le vent souffle. Le silence est dense. Et le temps ralentit.
10- Jeju Olle, la randonnée qui fait le tour de l’île
Marcher. Juste marcher. Le long de la côte, entre les champs, sous les pins. Le Jeju Olle est un chemin qui fait le tour de l’île, un sentier découpé en 26 étapes, comme autant de fragments d’un récit à reconstituer. Chaque tronçon fait entre 10 et 20 kilomètres. On peut en faire un seul. Ou les enchaîner. Les villages, les plages, les collines volcaniques défilent. On dort où l’on peut. On parle peu. Et au fil des pas, quelque chose change. Une forme de calme, peut-être. Ou juste la sensation d’être vraiment là.
11- Village folklorique de Seongeupl
Des murets de pierre noire, des toits de chaume, des porches en bois. Le village de Seongeup n’a rien d’un décor figé. On y marche entre les maisons jeongnangchae, construites avec la lave de l’île. On y découvre des traces d’un autre temps. Le fort, le sanctuaire, la demeure du lettré Yi Eok-gi… tout cela raconte une histoire, ou plutôt des fragments de vie, de croyances, de résistance. On peut y aller facilement depuis Jeju. En voiture, en bus. L’entrée est libre. On y passe une heure, ou deux. On regarde, on écoute. Et parfois, on s’attarde, sans raison précise.